Au suivant

Toute nue sous cette tente,
Qui me servait d’alcôve
J’avais le rouge aux joues
La sueur sur les seins

Au suivant, Au suivant

J’avais bien quarante ans
Et ils étaient Cent-vingt
A être le suivant
De celui qu’il suivait

Au suivant, Au suivant

J’avais bien quarante ans,
Et je les déniaisais
Dans le bordel ambulant
D’une armée en campagne

Au suivant, Au suivant

Moi, j’aurais bien aimé
Un peu plus de tendresse
Ou alors un sourire
Ou bien avoir le temps, mais

Au suivant, Au suivant

Epuisée des assauts
Et les yeux en rigole
C’est l’heure où je regrettais
D’avoir manqué l’école

Au suivant, Au suivant

Mais je jure que d’entendre
Cette matrone de mes fesses
C’est des coups à vous faire
Baigner dans votre sang

Au suivant, Au suivant, au suivant

Je jure sur la tête
De ma première vérole
Que cette voix depuis
Je l’entends tout le temps

Au suivant, Au suivant

Cette voix qui sentait l’ail
Et le mauvais alcool
C’est la voix de la chair
C’est la voix du sang

Au suivant, Au suivant

Et depuis, chaque homme
A l’heure de succomber
Entre mes bras graisseux
Semble me murmurer

Au suivant, Au suivant

Tous les suivants du monde
Devraient passer leur chemin
Voilà ce que la nuit
Je crie dans mon délire

Au suivant, Au suivant

Et quand je ne délire pas
J’en arrive à me dire
Qu’il est très humiliant
D’être suivie et suivant

Un jour, je me ferais cul de jatte
Ou bonne sœur, ou mendiant
Un de ces machins où
Je ne verrai jamais plus

De suivant, De suivant

Jamais plus de suivant

Leelou K.