En faisant l’amour

Ma dentelle par là, quand la nuit la parfume,
Ce violon de mouette et l’archer qui l’allume.
Tu ressembles à la mort, quand la mort me ressemble,
Tu ressembles à ma vie et nous mourrons ensemble.

Ces roulements, ces pleurs, ces bras qui s’émerveillent,
A s’accrocher quand même au hasard qui les veille.
Ces cris lorsque tu cries, ces larmes quand je pars,
Au-delà de la vie, au-delà de l’espoir.

Quand ton ange gardien revient me faire luire,
Comme une étoile éteinte, un peu pour ne rien dire,
Sinon à Dieu là-bas qu’il ramasse mes cris,
Sinon au diable enfin, qu’il passe et nous sourit.

Ma dentelle par là, quand la nuit la parfume,
Ce violon de mouette et l’archer qui l’allume,
Tu ressembles à la mort, quand la mort me ressemble,
Tu ressembles à ma vie et nous mourrons ensemble.

Viens que tu fasses un peu briller mon émeraude,
Elle est noire ce soir comme un chagrin de l’aube.
Quand l’aube nous apprend avec du noir aux yeux,
Qu’un loup tout fait de soie se dresse en mon milieu.

Et puis tes yeux là-bas derrière l’univers
Comme si de tes yeux tu m’apprenais l’envers,
De tout, de rien, de toi, de la vie passagère,
Et quand je m’ouvre enfin, t’entres l’âme légère.

Ma dentelle par là, quand la nuit la parfume,
Ce violon de mouette et l’archer qui l’allume,
Tu ressembles à la mort, quand la mort me ressemble,
Tu ressembles à ma vie et nous mourrons ensemble.
Et nous mourrons ensemble, ensemble,
En faisant l’amour…

Léo Ferré