Les yeux scotchés au téléphone
A espérer en vain qu’il sonne
J’me fais des nœuds à l’estomac
J’me fais un drôle de cinéma !
Je tourne en rond dans mon salon,
J’ai poussé le chauffage à fond ;
C’est vrai, ‘y a comme un air glacial,
Un peu comme au bord du Baïkal…
Pourtant, dehors, ‘y a du soleil,
Des p’tits oiseaux et des abeilles,
Pourtant, dehors, ‘y a du soleil…
Des enfants qui s’tiennent par la main
Et la voisine qui sort son chien ;
‘Y a des vieux ronchons qui ronchonnent
Et des impatients qui klaxonnent ;
‘Y a des amoureux qui s’embrassent
Et moi, j’suis triste, mais ‘faut qu’ça passe…
Les yeux plongés dans un bouquin
Que j’lirai pas jusqu’à la fin,
Je fais des boulettes en papier
Avec ma quittance de loyer ;
J’ai fini ma boîte de calmants
(‘Faut qu’j’en pique une autre à Maman)
Sinon, ‘y a encore d’la vodka,
Mais j’veux pas finir comme Papa ! |
Pourtant, dehors, ‘y a du soleil,
Des p’tits oiseaux et des abeilles,
Pourtant, dehors, ‘y a du soleil…
Des enfants qui s’chamaillent un peu,
La voisine et son chien boîteux ;
‘Y a des gamines et des p’tits mecs,
Moi, ‘faut que j’me débrouille avec
Ma névrose séparationnelle…
Non, vraiment, c’est pas rationnel !
Les yeux trempés au fond d’leurs poches,
J’me fais d’la bile et des reproches…
Je voudrais bien te voir ce soir,
Je crois qu’j’aurais moins peur du noir.
Même si dehors, ‘y a du soleil,
Toi, quand tu brilles, c’est pas pareil,
Même si dehors, ‘y a du soleil…
J’ai plus mes nœuds à l’estomac,
Et les calmants, j’y pense même pas !
J’veux garder mes yeux bien au sec ;
Avant, ‘faut qu’j’en finisse avec
Ma névrose séparationnelle…
Ça, vraiment, c’est pas rationnel ! |